Journal fédéral n°76 mars / avril 2018

jeudi 8 mars 2018
par  Sud éducation 34

Edito

Le gouvernement vient de lancer une attaque globale contre la fonction publique et les services publics qu’elle assure. Attaque contre les missions, d’abord, avec le programme « Action publique 2022 » qui vise la destruction du service public par le transfert de ses missions au privé et la restructuration de toutes les autres. Annonce, ensuite, des quatre chantiers du plan de démolition pour saper le statut de la fonction publique, instaurer la rémunération au mérite, imposer la mobilité et détruire le dialogue social.
La droite a toujours dressé l’opinion contre les fonctionnaires, traités de « fainéants » ou de « nantis ». Elle méprise ces « ronds de cuir », désœuvrés ou toujours absents. Si Pétain dote la fonction publique de son premier statut général, sur un modèle corporatif, c’est pour mieux la lier au pouvoir. Uniquement centré sur les devoirs du fonctionnaire, ce statut n’autorise pas le droit de grève. Vichy ferme alors les écoles normales d’instituteurs, haut bastion de syndicalisation. Il faudra attendre la Libération pour que droit syndical et droit de grève soient officiellement reconnus aux fonctionnaires par le premier statut général républicain des fonctionnaires de 1946, renforcé en 1983.
Les tenants du libéralisme pur et dur ne cessent de dénoncer « l’emploi à vie » des fonctionnaires et de railler le « passéisme » de leur statut. Le remplacer par le contrat donnerait plus de « souplesse à la gestion des ressources humaines ». La même rengaine, entonnée dès les années Giscard, s’entend encore aujourd’hui.
Pour le gouvernement actuel, la fonction publique n’est qu’une variable d’ajustement budgétaire, un coût qu’il faut réduire pour diminuer l’endettement public. L’absence de ministère de la Fonction publique et le rattachement des questions « fonction publique » à Bercy disent, bien, le peu de considération pour les 5, 5 millions d’emplois publics. Mais les annonces de ces dernières semaines révèlent une offensive d’une ampleur inégalée. Elles signifient que le gouvernement veut procéder à la remise en cause du socle même de notre société.
Il oublie, en effet, que le statut général de la fonction publique n’a pas été instauré pour protéger l’ensemble des droits et des obligations des fonctionnaires. Bien au contraire, il a été mis en place au bénéfice des usager-es. Seule une fonction publique forte et indépendante des intérêts particuliers peut se porter garante de l’intérêt général comme de l’égalité de traitement des usager-es.
Pour Sud éducation et Solidaires, la fonction publique et les services publics sont une richesse pour notre pays. Ils sont un outil de cohésion sociale et de redistribution des richesses. Ils doivent répondre aux besoins nouveaux posés par la société (petit enfance, perte d’autonomie, transition écologique, …).
Sud éducation et L’Union syndicale Solidaires sont porteurs d’un projet de transformation sociale, fondé sur les solidarités et la justice sociale. Les services publics sont au cœur de ce projet. L’école publique et l’université sont, également, visées par des contre réformes qui torpillent le droit à l’éducation pour tout-es. Ne les laissons pas faire !
Toutes et tous en grève et dans les manifestations ! Défendons le bien commun qu’est le service public. Remettons le progrès social au goût du jour.

Le journal :

Journal fédéral n°76