Déclaration au Conseil Supérieur de l’Éducation du 11 juin 2020

mardi 16 juin 2020
par  Sud éduc 34

Déclaration de SUD éducation et Solidaires au CSE

Déclaration liminaire de SUD éducation

Déclaration de SUD éducation

Un mois après l’annonce de l’ouverture des écoles et des établissements scolaires, d’abord en zone verte et rouge pour les écoles puis en zone orange pour les établissements scolaires, nous pouvons faire un premier bilan de l’état de l’accès au service public d’éducation sur le territoire en cette période si particulière de crise sanitaire.

D’abord, il faut avouer que l’école n’a pas repris : partout les enseignant-e-s font ce même constat. Il y a bien sûr une hétérogénéité des situations selon les réalités locales, néanmoins le principe même du service public d’éducation engage l’État et les Collectivités Territoriales à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour réduire les inégalités et assurer l’égalité de traitement des élèves et des personnels sur le territoire. Dans les départements les plus pauvres, le manque de personnels municipaux ou départementaux a contraint le nombre d’élèves à la baisse encore plus que le protocole sanitaire.

Cette situation est la conséquence d’une territorialisation sans moyens, elle devrait alerter notre gouvernement. Au contraire, les décisions budgétaires ne viennent pas. Pourtant il faut d’urgence améliorer les conditions d’accueil et d’étude des élèves à la rentrée 2020 afin de réduire les inégalités qui se sont creusées pendant la crise sanitaire. Pour cela, SUD éducation, continue de revendiquer un plan d’embauches massives de personnels enseignants, d’éducation, médico-sociaux, d’orientation, administratifs et ouvriers.
Dans ce contexte, le refus du ministère d’admettre aux concours internes les admissibles comme cela a été le cas pour les concours externes est incompréhensible et s’apparente à de la maltraitance envers ses personnels déjà en poste dans l’Éducation nationale. Pourtant les besoins sont là.
Plutôt que de garantir le service public d’éducation sur temps scolaire avec des personnels formés, le Ministre annonce des « vacances apprenantes » pour un million d’élèves et un coût de 200 millions d’euros et la mise en œuvre des dispositifs 2S2C qui consiste à externaliser ce qui concerne les activités sportives et artistiques vers les collectivités.

Ces transferts de compétences de l’Éducation nationale vers les collectivités territoriales ont montré leurs effets désastreux pendant cette période de réouverture des établissements et le gouvernement continue dans la même voie avec l’aval du ministère de l’Éducation. C’est confier les missions de l’ Éducation nationale à des collectivités locales aux politiques salariales et aux moyens très hétérogènes selon les territoires.

C’est pourquoi SUD éducation appelle le Ministère de l’ Éducation nationale à annoncer dès à présent un plan d’urgence pour l’éducation pour la rentrée 2020.

Déclaration de Solidaires

Déclaration de Solidaires

L’Union Syndicale Solidaires attend plus qu’un verdissement des programmes scolaires !

Les textes présentés aujourd’hui lors de ce CSE répondent à une urgence écologique indéniable. Pour l’Union syndicale Solidaires et ses fédérations de l’éducation, les textes concernant le renforcement des enseignements relatifs au changement climatique, à la biodiversité et au développement durable dans les programmes de la classe de maternelle au collège sont une avancée. Néanmoins cela reste minime au regard de l’étendu des réformes à accomplir afin de transformer l’Éducation nationale tant d’un point de vue pédagogique que de celui de son fonctionnement.

Les modifications présentées par le CSE ne traitent pas la crise écologique comme un problème résultant de choix politiques, mais comme les effets d’un mode de vie, partagé par tous et toutes qu’il faudrait adapter afin d’être chacun et chacune plus “responsable”. Cette conception de l’éducation au développement durable est en deçà des enjeux actuels.

L’Éducation nationale doit intégrer l’étude des causes du réchauffement climatique et des choix politiques qui l’ont produit à ses enseignements. Mais le ministère de l’Éducation nationale doit surtout montrer l’exemple en adoptant un fonctionnement plus “éco-responsable”. L’aspiration à une société plus écologique concorde avec une hausse nécessaire du niveau de vie, pour cela le ministère de l’Éducation nationale a sa part de responsabilité. La précarité constitue une double peine pour les 25% d’agent-e-s non-titulaires et précaires que compte l’Éducation nationale qui, en plus de subir des conditions de travail dégradées, sont plus vulnérables face aux risques environnementaux et éprouvent de grandes difficultés à réduire leur consommation énergétique (peu d’accès aux transports en commun, logements mal isolés, peu d’accès à une agriculture biologique de proximité…).

Mais les responsabilités de l’Éducation nationale vont au-delà de ses responsabilités d’employeur, car le fonctionnement même des écoles et des établissements scolaires représente une dépense énergétique qui devrait être bien moins élevée. Pour cela un chantier d’ampleur concernant le bâti, la consommation énergétique, le recyclage des déchets, le désamiantage des locaux... est indispensable.

De même les annonces concernant une montée en puissance du numérique à l’école et des classe virtuelles sont très inquiétantes d’un point de vue environnemental comme d’un point de vue pédagogique. Comment est-il possible de vouloir renforcer l’enseignement de la transition écologique, du développement durable tout en poursuivant des partenariats avec des entreprises parmi les plus polluantes que sont Amazon et Microsoft et en développant l’usage d’un enseignement à distance, pédagogiquement très discutable et écologiquement néfaste ?
L’Éducation nationale doit à minima développer ses propres logiciels afin de maîtriser sa consommation énergétique.

Depuis plusieurs mois, l’Union Syndicale Solidaires a participé avec d’autres organisations syndicales et associatives à une réflexion collective “Plus jamais ça” afin d’élaborer ensemble des réponses aux urgences sociales et écologiques. De cette réflexion ont émergé 34 mesures concrètes pour sortir de la crise environnementale et changer le système.
L’Éducation nationale a son rôle à jouer. Parmi ces mesures, on trouve l’arrêt des soutiens publics aux acteurs polluants ou encore la nécessité d’accompagner la reconversion via des systèmes de formation et d’enseignement et de recherche rénovés. Pour cela, nous avons besoin d’un vrai plan de formation professionnelle orienté vers les nouveaux métiers avec l’inscription dans le cursus obligatoire en lycée agricole de la formation à une agriculture respectueuse de l’environnement et de la santé. De même, dans les filières du bâtiment il faut renforcer la formation à la rénovation énergétique, à l’isolation du bâti, aux matériaux écologiques et aux énergies renouvelables.

Les catastrophes environnementales s’enchaînent : à l’été 2019, on a assisté avec impuissance à la destruction brutale de l’écosystème en Amazonie, en Afrique et en Sibérie sans qu’aucune mesure significative ne soit prise. Nous connaissons aujourd’hui une crise sanitaire dont on sait qu’elle est exacerbée par la dégradation de l’environnement. Pour l’Union syndicale Solidaires et pour ses fédérations de l’éducation, il y a urgence à agir pour la transition écologique, pour la justice sociale et environnementale au-delà de ces modifications des programmes.