Nouveau gouvernement et vieux projets...

mercredi 15 juillet 2020
par  Sud éduc 34

Article de SUD éducation 34
Mercredi 15 juillet 2020

Un gouvernement représentatif de quoi, de qui ?

Le président de la République nomme son nouveau premier ministre : un ancien secrétaire général de l’Élysée, comme lui ; un énarque, comme lui ; un haut fonctionnaire, comme lui.
Le nouveau gouvernement, celui qui va administrer la France jusqu’aux élections présidentielles de 2022, est formé : beaucoup de sarkozystes, encore plus d’énarques et de hauts fonctionnaires. Macron se voulait et de gauche, et de droite, mais il se révèle comme franchement à droite.

Un haut fonctionnaire ça administre, ça quantifie, ça gère. C’est pourquoi la sensibilité politique le touche peu : de droite ou de gauche, nous subissons les mêmes politiques parce que ce sont des hauts fonctionnaires qui sont aux responsabilités. Il s’agit toujours de gérer le pays comme une entreprise, en redressant ses comptes, en pensant uniquement en « coûts / bénéfices ». La vision politique reste à la marge (en gros, c’est : immigration pour les uns, droits sociétaux pour les autres...)

Ces hauts fonctionnaires aux très hauts revenus sont accoutumés aux rapports, aux données chiffrées, aux projections, et adeptes du nouveau management public. Ce sont des connaisseurs du système bancaire, du système financier, du système judiciaire, du système administratif… Ils savent quelle filière choisir, quelle case cocher, quelle personne contacter, pour obtenir de bons postes et éviter « les ennuis » professionnels ou judiciaires.

On est loin, très loin des fonctionnaires de terrain, des ouvriers, des employés qui vivent de façon très concrète chacune des décisions prises par ces cols blancs dans leurs bureaux, à la suite d’un joli rapport bien chiffré. Les conséquences sont lourdes sur la fiche de paie de celles et ceux d’en bas, sur l’inscription d’un enfant à un cours de sport ou de théâtre, sur le niveau de remplissage du chariot de courses…
On est loin, très loin, de la diversité du peuple et des intérêts du peuple. Ce gouvernement n’est que l’extrait d’une caste, qui va travailler pour elle et uniquement à son profit.

Beaux discours, greenwashing, tournant social

Les beaux discours, nous les avons entendus pendant le confinement. « Des jours meilleurs », « des jours heureux », des « remises en question », à commencer par le président lui-même. Macron plane, ses envolées lyriques le régalent, il aime tellement s’entendre et se trouve si bon en ce domaine !
C’était mignon à entendre, mais personne n’y a cru un instant. Le banquier d’affaires, inspecteur des finances, porteur de la loi Macron en 2015 (travail le dimanche, libéralisation du marché des autobus…) penserait tout à coup à la protection sociale, à la redistribution des richesses, à s’opposer à des lobbies pour préserver l’environnement ???

Le greenwashing bat son plein. Chaque ministre y va de sa petite ambition. Dans l’Éducation Nationale, nous avons hérité l’an passé de deux éco-délégué-es par classe (oh la la !!). Accrochez-vous, on est partis pour changer le monde et ça va aller vite !

Le tournant social, on le voit venir :
→ avec la reprise de la réforme des retraites, qui a généré plus de deux mois de conflit social dur cet hiver, et le soutien d’une grande majorité de la population pour cette grève ;
→ avec la répression syndicale qui s’abat sur tous les contestataires des réformes gouvernementales, dans tous les secteurs d’activité, alors même qu’ils et elles exercent un droit constitutionnel ;
→ avec le Ségur de la Santé, qui propose piteusement 6 milliards pour l’hôpital, alors que nous avons pu constater l’état de délabrement dans lequel le système et les personnels se sont retrouvés pendant la pandémie. Rappelons que ce délabrement est la conséquence des réformes de l’hôpital : tarification à l’acte (T2A) par Jean Castex, mise en place des agences régionales de santé (ARS) pour contrôler la rentabilité de chaque service hospitalier par Roselyne Bachelot, fermetures régulières de lits et non recrutement de personnels par tous les gouvernements depuis 2008.
Beaucoup de monde s’est félicité et nourri de ces images d’applaudissements de soutien pendant le confinement. Applaudir et en même temps soutenir ces politiques, c’est contradictoire et incohérent.
→ avec la réforme de l’assurance chômage, à moitié effectuée et déjà ravageuse pour les plus précaires ;

Lutter pour une société plus juste et solidaire

La lutte des classes est bien vivante, et l’une de ces classes lutte âprement pour le maintien de ses conditions de vie, au détriment de l’autre. Le gouvernement, émanation de la classe dominante, œuvre pour le maintien des inégalités et la destruction des cadres collectifs protecteurs pour les plus précaires.

Partout où nous le pouvons, contribuons à mettre des mots sur les politiques à l’oeuvre, et à construire des collectifs capables de traduire la nov’langue gouvernementale. Macron et les lobbies veulent reprendre la course folle au profit des intérêts économiques d’une minorité ; nous sommes des millions d’exploité-es à pouvoir nous y opposer.

Développons nos convictions, syndiquons-nous pour les défendre, et organisons-nous dans l’action collective : l’expérience du confinement a montré ce qui arrive quand nous cessons de travailler : l’économie est à l’arrêt.
Les patrons ne sont pas indispensables, les actionnaires encore moins. Les travailleuses et travailleurs ont du temps pour penser, et pour organiser des relations plus solidaires et respectueuses. Nous n’avons besoin ni des patrons, ni des actionnaires, ni des professionnels de la politique.

Soyons la résistance et l’avenir.

Nouveau gouvernement et vieux projets...