Masques dans l’éducation nationale : on vaut mieux que ça !

jeudi 17 septembre 2020
par  Sud éduc 34

Près de trois semaines après la rentrée, les personnels de l’Éducation Nationale ont fait largement l’expérience de l’exercice de leur métier en portant en permanence un masque pour répondre aux exigences sanitaires imposées par la période.
Or, les déboires sont nombreux, les conditions d’exercice entravées, la santé des personnels mise en danger et le discours de préparation du Ministère battu en brèche par les organismes de santé.

Une protection insuffisante

En cette rentrée les personnels se sont vus fournir par leur employeur des masques en tissu de marque DIM, dits également « masques grand public » répondant aux normes AFNOR. Problème, leur efficacité repose sur leur port réciproque or ni les élèves de primaire, ni les élèves du secondaire en cours d’EPS n’en portent.

Si Jean-Michel Blanquer assure à qui veut l’entendre que ces masques bien qu’en tissu ne sont pas n’importe lesquels dans la mesure où « ils ont une capacité de filtration de 98%, l’une des plus fortes possibles », cet avis est loin d’être partagé par les Agences Régionales de Santé.

Dans une définition datant du 7 mai dernier, Santé Publique France précise qu’il y a contact en "l’absence de mesures de protection efficaces pendant toute la durée du contact" comme un "masque chirurgical ou FFP2 porté par le cas ou le contact" ou un "masque grand public fabriqué selon la norme AFNOR ou équivalent porté par le cas et le contact". Cette subtile différence de conjonction de coordination met l’ensemble des personnels du premier degré et les professeurs d’EPS dans une situation à risque si l’un.e des élèves est testé.e positif.ve au Covid-19. Ces personnels pour être protégé.e.s devraient porter à minima des masques chirurgicaux.

Outre l’insuffisante protection du fait de la qualité des masques, ces derniers ont été distribués de manière variable selon les établissements, certain.e.s collègues n’en ayant reçu que deux ce qui reste largement en deçà des réels besoins en matière de protection. Le site du gouvernement dans ses recommandations préconise de changer de masque grand public toutes les 4 heures et/ou dès qu’il est humide. Avec les fortes chaleurs que nous vivons à l’heure actuelle dans notre département l’humidité des masques est rapidement de mise.

Avec au maximum 5 masques pour la semaine, les personnels sont bien en peine d’en changer selon ces recommandations.

Des risques professionnels à long terme

Selon une étude belge menée par le laryngologue G. Desuter, le port du masque en permanence pourrait avoir de sérieuses répercussions sur la santé de professeurs. Est notamment à craindre une recrudescence des lésions traumatiques des cordes vocales. Les troubles de la voix étant par ailleurs déjà surreprésentés dans la profession en temps normal.

Le port du masque en permanence entraîne un déficit respiratoire compensé par un forçage qui entraine hémorragies, polypes et nodules. La sanction est sans appel : chirurgie et convalescence de trois mois, avec possibilité de séquelles permanentes.

Afin de répondre aux exigences sanitaires tout en considérant les besoins des collègues nous exigeons de l’employeur qu’il réponde à son devoir de protection des personnels :

— Distribution de masques en quantité suffisante pour l’ensemble des personnels
— Remplacement des masques grand public par des masques chirurgicaux pour les professeurs et les AESH du premier degré et les professeurs d’EPS du second degré.
— Aménagement des temps scolaires pour répondre à la nécessité de pauses vocales régulières pour les personnels
— Prévention des risques liés aux affections des cordes vocales et aux maladies du larynx
— Déploiement massif du service de médecine de prévention sur le terrain, auprès de tous-tes les personnels qui le solliciteront

Masques dans l’éducation nationale : on vaut mieux que ça !