Grand oral, épreuve de philosophie : la mobilisation s’accentue !

vendredi 18 juin 2021
par  Sud éduc 34

[Mise à jour 22 juin]

Communiqué des enseignant·e·s présent·e·s lors de l’AG du 21 juin 2021 à Montpellier

Suite à la réunion en AG de collègues à Montpellier, au soir de la première journée du "Grand Oral", un communiqué a été rédigé pour faire état de la situation. Nous le relayons :

Grand Oral : nous ne participerons pas à la mascarade !

A l’issue de cette première journée de Grand Oral nous constatons les premiers dysfonctionnements suivants dans l’académie :
• des élèves n’ont pas en face d’eux des jurys qui correspondent à leur choix de spécialité. Par exemple, on a eu connaissance d’un jury composé d’un collègue de NSI (Numérique et science de l’informatique) et HGGSP (Histoire Géographie Géopolitique et Sciences Politiques) qui « évalue » des élèves ayant choisi des sujets en mathématiques et physique-chimie ;
• des élèves sont convoqué·e·s à 8h mais ne passent qu’à 15h du fait de l’impréparation de cette épreuve par les services du rectorat ;
• les chefs de centre d’examen appellent des collègues au pied levé pour faire passer des oraux dans leur propre établissement, sans garantie que les collègues n’évaluent pas leurs élèves (rupture possible de l’anonymat).
• certain e s collègues de philosophie sont convoqué e s pour les jurys du grand oral alors qu ’ils elles ont déjà 130 copies de l’épreuve écrite à corriger dans un délai contraint.
• Certains collègues découvrent leur convocation le jour même
Comment comprendre de tels dysfonctionnements dans l’organisation d’une épreuve prévue depuis... des mois ?

Pour notre part nous refusons de participer à cette mascarade qui méprise tant le travail des élèves que celui des enseignant·e·s.
Plus globalement, nous refusons de participer à l’évaluation d’une épreuve qui, selon nous, n’est pas évaluable car :
• la maîtrise d’aucun savoir ou savoir-faire scolaire n’est exigée ;
• elle n’a bénéficié d’aucune heure dédiée de préparation pour nos élèves ;
• aucune harmonisation de l’évaluation n’a été faite entre collègues des jury, renforçant le caractère subjectif de cette évaluation ;
• les consignes données par les inspections des différentes disciplines concernant la notation entraîne une rupture d’égalité entre les élèves. Rupture d’égalité déjà manifeste cette année du fait des conditions de préparation de l’examen très variables selon les établissements (demi-jauge, enseignement à distance).
Dans ces conditions, nous serons donc en grève les jours où nous sommes convoqués pour évaluer le grand oral.

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Communiqué des enseignant·e·s présent·e·s lors du rassemblement du 16 juin 2021 devant le rectorat

Vendredi 18 juin 2021

Depuis des mois le constat est largement partagé (depuis les syndicats jusqu’aux associations représentantes des différentes disciplines du lycée) sur l’impossibilité de tenir le Grand Oral et la nécessité de le supprimer cette année. Mais le ministre s’acharne et veut passer en force pour sauver, symboliquement, sa réforme.

Nous constatons qu’à trois jours ouvrés d’une épreuve qui commence le lundi 21 avril la plupart des collègues n’ont pas reçu leurs convocations et ne peuvent donc ni s‘organiser ni se préparer. Épreuve pour laquelle, par ailleurs, aucune réunion de concertation n’a été organisée pour élaborer des critères d’évaluation clairs, tant au niveau des disciplines de spécialité qu’entre ces disciplines.

De plus, en maintenant cette épreuve, le ministère entérine la rupture manifeste d’égalité face à la préparation de cet examen. En effet, les conditions de préparation de l’examen furent très variables selon les établissements (demi-jauge, enseignement à distance).

Enfin, nous constatons que les collègues reçoivent des consignes très différentes selon les académies et les disciplines concernant l’évaluation du Grand Oral. Dans un contexte où, dans notre académie, aucune réunion de concertation n’a été organisée pour harmoniser cette évaluation. La mise en œuvre du Grand Oral, totem du bac Blanquer, montre ainsi à quel point le bac perd son caractère national avec cette réforme.

Dans ces conditions nous appelons l’ensemble des collègues (des lycées et collèges puisque tou·te·s les collègues du second degré peuvent être mobilisé·e·s) à se réunir en assemblée générale le lundi 21 juin à 18h, sur les marches du Corum au bout de l’Esplanade, afin de faire un bilan de la première journée du Grand Oral et de discuter d’actions, y compris la grève, pour dénoncer les conditions dans lesquelles se déroulent les épreuves du bac 2021.

Pour information, les correcteurs et correctrices du bac philo réuni·e·s en assemblée générale académique ont décidé de refuser d’utiliser le logiciel Santorin pour la correction dématérialisée des copies.

Les enseignant·e·s présent·e·s lors du rassemblement du 16 juin 2021 devant le rectorat.

Grand oral : le ministère encore moins préparé que les enseignant·e·s et les élèves !

Motion portée par les correcteurs et correctrices de l’épreuve de philosophie du bac 2021

Nous, correctrices et correcteurs de l’épreuve du Baccalauréat de Philosophie 2021 constatons que :

- nous aurons à corriger environ 130 copies chacun-e
- ces copies seront scannées en amont et nous seront envoyées par petits lots au jour le jour entre le 18 et le 29 juin
- ces copies sont à apprécier et évaluer sur le logiciel « Santorin » et à finaliser dernier délai le 29 juin 2021 à 19 heures (à savoir en 7 jours et demi ouvrables, soit un délai beaucoup plus court que les années précédentes). Ce délai de correction imposé rend un travail serein et consciencieux impossible.
Nous correctrices et correcteurs de cette épreuve dénonçons les effets directs de la dématérialisation de la correction :
- les correcteurs et correctrices sont soumis à une surveillance de leur rythme de correction en temps réel
- les collègues qui coordonnent la correction sont mis en position de surveiller le rythme de correction de leurs pairs
- possibilité de redistribuer des copies à tout moment et donc de modifier la charge de travail de chacun-e en cours de route
- impossibilité dès lors, d’organiser son travail de correction sur la période impartie, d’autant plus que les copies peuvent être scannées au fil de l’eau
- impossibilité de trier les copies et de les harmoniser par groupes de sujets traités
- fatigue des yeux et maux de tête
- aberration écologique du stockage des données lorsque les copies originales pourraient être directement corrigées
- invitation à utiliser une palette d’appréciations standardisées (l’outil permettant d’enregistrer des expressions-types en favoris)

Cette dégradation de nos conditions de correction, imposée sans concertation, vient s’ajouter à la dégradation de nos conditions d’enseignement par l’instauration de Parcoursup et de la réforme du lycée. Parcoursup a instauré une logique d’évaluation permanente des performances des élèves en vue de leur hiérarchisation nationale. La réforme du lycée a détruit le groupe classe et les équipes pédagogiques, et accru les inégalités entre élèves, entre établissements et entre académies.

C’est la possibilité même d’une éducation publique accessible à tous et l’intérêt pédagogique de notre travail qui sont mis à mal. La destruction du travail de correction de l’écrit de philosophie du baccalauréat vient ajouter au non-sens.

Nous demandons l’abrogation de la réforme Blanquer et de Parcoursup et le retour à un vrai bac national à travers des épreuves finales dans toutes les disciplines. Nous demandons également le retour à une correction des copies originales en version papier.

Nous soutenons les actions décidées par les correcteurs et correctrices de l’épreuve de philosophie.

Nous appelons les enseignant-e-s de toutes les disciplines à se réunir en assemblées générales afin de débattre de modalités d’action autour du grand oral.

Signatures et adresses mail + numéro pour les collègues qui veulent être en lien téléphonique et/ou ajouté-e- s sur le groupe whatsapp philo ac montpellier (les noms ne seront pas publiés avec la motion mais servent à se compter et à rester en contact)

Motion correcteurs-trices philo - 18 juin 2021