Combattons le projet d’école Blanquer !

vendredi 22 février 2019
par  Sud éduc 34

Le projet d’école de Blanquer est cohérent. Les réformes du tri social s’empilent : la réforme du lycée général et technologique, la réforme du baccalauréat, la réforme du lycée professionnel et la parcoursup ont pour objectif d’assigner aux élèves une place au marché du travail dès le plus jeune âge.
Cette logique libérale s’articule avec une logique réactionnaire : surenchère sécuritaire à l’oeuvre dans les établissements au moins depuis le #pasdevague, restriction de la liberté d’expression des enseignant-e-s et de leur liberté pédagogique. Aujourd’hui, la loi Blanquer vient confirmer la cohérence de ce projet libéral et réactionnaire.
Pour combattre efficacement ces réformes, il convient bien sûr de mobiliser dans son secteur, sur son lieu de travail. Mais il faut aussi les saisir dans leur cohérence, dans l’objectif de construire un rapport de force de l’ensemble des personnels de l’éducation nationale avec le gouvernement.

SUD éducation appelle à combattre frontalement la loi Blanquer, un révélateur du projet d’école du ministre. Avec les autres réformes, l’ensemble forme un faisceau d’attaques libérales et réactionnaires !

Lycées, baccalauréat : des réformes à l’épreuve de leur mise en œuvre

Derrière la promotion du choix des élèves (prétendument libres de choisir leurs spécialités), la réforme du baccalauréat général et technologique organise concrètement la mise en concurrence des établissements, des territoires et des individus. L’objectif majeur de cette réforme est de réduire drastiquement le nombre de postes, afin de remplir les classes au maximum. Cette réforme favorise les milieux sociaux les plus aisés, car l’orientation dans le supérieur dépendra du choix des enseignements en lycées, et donc du lycée d’où proviennent les élèves. Dans la voie pro, le même mouvement est à l’œuvre. Plus de 2500 suppressions de postes sont prévues, à travers une réduction massive des horaires disciplinaires. Il s’agit de créer des « familles de métiers » qui n’entretiennent parfois qu‘un rapport très ténu entre eux, et de réduire la part de l’enseignement général. L’objectif est de casser le lycée professionnel pour favoriser l’apprentissage.

Surenchère sécuritaire : une récupération délétère du mouvement #pasdevague

Face à l’ampleur du mouvement #pasdevagues, Blanquer a choisi d’instrumentaliser le mouvement plutôt que de rendre des comptes sur la diminution du nombre d’adultes dans les écoles et les établissements consécutives aux suppressions de postes. Il a ainsi pu donner libre cours à la surenchère sécuritaire dans l’Éducation nationale. Proposition de faire entrer la police dans les établissements, gendarmes nommés chef d’établissement, stages commandos pour les personnels de direction, nomination d’une colonelle à la DGESCO : le ministre ne lésine pas sur les déclarations d’intention militaristes. Le service national universel en caserne avec lever au drapeau en est une autre forme. La seule réponse que connaît ce ministre est répressive, avec l’annonce de l’ouverture de 20 centres éducatifs fermés en plus des 52 déjà existants.

Suppressions de postes, DHG : objectif destruction des services publics

Le nombre de postes ouverts aux concours depuis que Blanquer est au ministère a fondu. Plus de 2 000 suppressions de postes sont annoncées dans le 2d degré à la rentrée prochaine. Le 1er degré n’est pas en reste : il manque des milliers de postes pour pourvoir les CP et CE1 dédoublés. Pour compenser, le ministre organise la dégradation des conditions de travail des personnels, en s’apprêtant à imposer une seconde HSA et en supprimant les moyens de remplacements. Les effectifs grimpent dans les classes des écoles qui comptent désormais souvent 25 élèves ou plus. Les dotations horaires attribuées aux établissements anticipent les futures suppressions de postes et la relégation territoriale : fermetures de classes et regroupement d’écoles s’accélèrent, tandis que les établissements ruraux ou de banlieue subissent de plein fouet l’idéologie du tri social. Les collègues subissent mesures de carte scolaire et services partagés. Personnels épuisés, postes supprimés : la recette de la dégradation du service public est toute trouvée.

Mise au pas des prof-fe-s des écoles : directions d’école, évaluations, lecture

En bon réactionnaire, le ministre ressort des placards un vieux projet naphtaliné : la fin des chargé-e-s de direction. Il rêve de les remplacer par des personnels recrutés sur concours, qui deviendraient autant de supérieur-e-s hiérarchiques à même d’imposer sur le terrain le discours ministériel. La mise au pas pas chez Blanquer est idéologique : il s’agit d’imposer des conceptions rétrogrades en matière de pédagogie. Avec autoritarisme, le ministère essaie d’obliger les personnels à faire passer des évaluations nationales conçues pour abonder dans le sens de son discours réactionnaire. Ces évaluations placent délibérément les élèves en situation d’échec. Refusant d’admettre que lire, c’est comprendre, le ministre entend restreindre la liberté pédagogique des enseignant-e-s au profit d’une méthode unique de lecture pour laquelle il met les grands moyens : animations pédagogiques obligatoires, circulaires ministérielles sur l’apprentissage de la lecture, partenariats douteux avec des officines comme « Agir pour l’école ». La reprise en main est à l’ordre du jour.

Le tri social à l’œuvre à l’université

Le ministère accélère le calendrier de Parcoursup pour coller à la réforme du bac et des lycées. Plus encore que l’an dernier, la machine de tri social s’apprête à tourner à plein régime. Dans un même mouvement, le ministère essaie de faire augmenter drastiquement les frais d’inscriptions des étudiant-e-s extracommunautaires. Cette tentative xénophobe et raciste est le prélude à une augmentation massive et généralisée des frais d’inscription et la fin du service public de l’enseignement supérieur accessible au plus grand nombre.

La loi Blanquer, c’est :

- un cadeau au privé avec l’obligation de scolarisation dès 3 ans
- l’instauration au pas de charge de l’école du socle
- une surenchère réactionnaire (drapeau dans les classes, Marseillaise)
- les principaux-ales de collège supérieur-e-s hiérarchiques des prof-fe-s des écoles
- une attaque contre la formation initiale

Revendications

- L’abrogation de la réforme du lycée et du bac
- L’abrogation de la réforme de la voie professionnelle
- Le maintien du cadre national du baccalauréat, qui doit rester le premier grade universitaire et maintien d’un véritable anonymat lors des épreuves
- Une réduction des effectifs par classe en lycée (maximum 25 élèves) et la mise en place d’un dédoublement systématique par un cadrage national
- Le changement des EPLE en établissements polytechniques avec un enseignement qui garantisse à tou-te-s les élèves l’appropriation de tous les types de savoirs – qu’ils soient manuels, techniques,artistiques ou théoriques – reposant sur des pratiques pédagogiques coopératives et émancipatrices
- L’abandon du SNU et du service civique
- L’abandon du projet d’imposer une deuxième HSA dans le second degré
- L’abandon de la réforme des directions d’école
- Dans les écoles, un travail en équipe renforcé avec des moyens et du temps attribués aux écoles et non à des individu-e-s directeurs ou directrices. Une gestion collective des charges permettrait une prise en charge collégiale et/ou avec partage des tâches.
- Le respect de la liberté pédagogique des enseignant-e-s.
- La prise en main par les personnels eux-mêmes de leur formation pédagogique.


Documents joints

Affichette Réformes Blanquer
Autocollant Réformes Blanquer
4 Pages Réformes Blanquer