Évaluations nationales, lycée général et technologique : Blanquer intimide les personnels

jeudi 21 mars 2019
par  Sud éduc 34

Communiqué de SUD éducation

Dans un courrier daté du 8 mars adressé aux DASEN et recteur-ices, le ministre Blanquer, par l’intermédiaire de son directeur général des ressources humaines, menace les enseignant-e-s :
• qui refusent de faire passer les évaluations nationales ou refusent de remonter les résultats ;
• qui combattent la réforme du lycée général et technologique, par exemple en mettant la note de 20/20 à tou-te‑s les élèves.
Il ose écrire qu’il s’agirait d’une faute professionnelle.

SUD éducation rappelle qu’il n’existe aucune circulaire organisant les évaluations nationales, et que les personnels sont seul-e-s responsables de l’évaluation des élèves. Un dossier de presse ne constitue pas une instruction officielle. Il est donc impossible pour l’administration de sanctionner la désobéissance à un ordre qui n’existe pas.

Le ministre prétend que les refus des personnels de faire subir les évaluations nationales et d’alimenter la sélection mise en œuvre à travers parcoursup est minoritaire. Ce courrier de menace est la preuve que le refus des enseignant-e-s les inquiète.

Face à cela, le ministre Blanquer franchit un pas de de plus dans la répression et l’autoritarisme. C’est une atteinte de plus à la liberté pédagogique au respect des personnels.

SUD éducation rappelle que les « évaluations nationales » sont un non-sens pédagogique et biaisées : elles sont le produit de l’idéologie libérale et réactionnaire du ministre, et appelle depuis le début à les refuser, tout comme la mise en œuvre de la sélection avec parcoursup.

Ces menaces ne sont pas à prendre à la légère ; ne restez pas isolé-e-s, contactez votre syndicat SUD éducation. SUD éducation soutient les personnels qui refusent de faire passer les évaluations nationales, de faire remonter les résultats, et choisissent divers modes d’action pour lutter contre les réformes du tri social.

SUD éducation appelle plus que jamais les personnels à ne pas faire passer les évaluations et à ne pas faire remonter les résultats.

SUD éducation soutient les modalités d’action décidées par les personnels de lycée, dont les démissions de la fonction de professeur-e principal-e ou la surnotation systématique. Elle appelle à les amplifier pour construire le rapport de force et obtenir le retrait des contre-réformes en cours.

Évaluations nationales, lycée général et technologique : Blanquer intimide les personnels

Courrier intersyndical au ministère

Monsieur le Ministre,

C’est avec stupéfaction que nous apprenons que vous avez donné des consignes pour mettre en œuvre des mesures disciplinaires à l’encontre de nos collègues qui n’ont pas appliqué tout ou partie du protocole d’évaluations nationales.
Depuis des mois, nous avons cherché à dialoguer et vous avons alerté à plusieurs reprises sur ces évaluations avec force d’arguments tant sur le contenu, sur la forme, mais aussi sur les défauts techniques massifs rencontrés pour la saisie, que l’utilisation qui peut en être faite. Si certaines consignes de passation ont été adaptées, vous n’avez pas rassuré ni les collègues ni les organisations syndicales sur les choix pédagogiques à l’œuvre dans ces évaluations. De plus, votre communication sur les résultats des évaluations en octobre dernier alors que les résultats n’étaient que partiellement saisis, a contribué à renforcer les doutes sur le véritable objectif de ces évaluations. C’est pourquoi nous avions exigé l’abandon de ce protocole d’évaluation.
Aujourd’hui, plutôt que de convaincre les professionnels, plutôt que d’engager le dialogue avec leurs représentants, vous préférez utiliser la menace et les sanctions. Comment considérer que des professeurs, qui appliquent les programmes, mettent en place des enseignements conformément aux derniers textes en vigueur, réalisent des évaluations régulières pour mesurer les progrès et les réussites des élèves et adapter leurs enseignements, sont en faute ?
Ce qu’expriment les équipes pédagogiques dans leurs choix d’utiliser, dans le cadre de leur liberté pédagogique, leurs outils plutôt que ceux du ministère, est une formidable occasion de travailler à un dialogue au plus près du terrain pour faire remonter les besoins et valoriser le travail des enseignants. Pour que l’école réussisse, il faut s’appuyer sur l’engagement sans faille de ceux qui la font vivre au quotidien.
Monsieur le ministre, nous vous demandons de ne pas provoquer une rupture définitive entre la rue de grenelle et les professeurs. Vos menaces s’opposent à notre vision d’un enseignant professionnel acteur de son action pédagogique ; elle est contraire à l’intérêt des élèves. Nous vous demandons, de retirer la menace de « faute professionnelle » et de retrouver rapidement le chemin du dialogue.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de nos respectueuses salutations.

Francette POPINEAU
Co-Secrétaire Générale SNUipp-FSU

Norbert TRICHARD
Secrétaire Général
SNUDI-FO

Patrick DESIRÉ
Secrétaire Général
UNSEN-CGT Educ’Action

Stéphane CROCHET
Secrétaire Général
SE-UNSA

Fatna SEGHROUCHNI
Co-Secrétaire Fédérale
SUD-Education

Catherine NAVE-BEKHTI
Secrétaire Générale
SGEN-CFDT

Courrier unitaire MEN évaluations