Formation 100% hors temps de service dans le second degré : le Ministre attaque le droit à la formation pour les personnels !
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Article de SUD éducation
Vendredi 20 octobre 2023
À la rentrée, nombre de collègues ont vu les formations, auxquelles elles et ils étaient inscrit·es, refusées ou déplacées hors du temps de service, le soir ou pendant les vacances. SUD éducation vous informe sur cette nouvelle politique ministérielle inadmissible.
Le Remplacement de Courte Durée : la priorité du président Macron
Le président Macron a décidé de faire du remplacement des personnels une priorité du ministère de l’Éducation nationale. Le contexte de suppressions massives de postes ne permet pas d’assurer le remplacement des collègues. Le Projet de Loi de Finances pour 2024 prévoit 2193 suppressions de postes qui s’ajoutent aux 7900 suppressions de postes imposées depuis 2017.
Le ministère a tenté d’utiliser la baisse du niveau de vie du fait de l’inflation et des périodes de gel du point d’indice pour imposer le Pacte et le Remplacement de Courte Durée des collègues, or le Pacte est un échec. Le ministère ne pourra imposer aux personnels du second degré de remplacer leurs collègues.
C’est pourquoi, le ministère a fait le choix de s’en prendre à la formation continue des personnels afin de limiter les besoins en remplacement.
15 millions d’heures perdues ? un chiffre en trompe-l’oeil !
Le chiffre de 15 millions d’heures perdues, mis au jour par l’étude sur l’année 2020-2021 de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’éducation (DEPP) représentent environ 8,8 % des 175 millions qui sont dispensées chaque année dans le second degré.
Parmi ces 15 millions d’heures perdues :
8,5 millions, résultent de raisons individuelles (congé de maladie ordinaire, congé maternité, garde d’enfant malade…),
· environ 1,5 million d’heures non remplacées résultent de la formation continue
le reste résulte de l’indisponibilité des locaux ou des enseignant·es (fermeture d’établissement, organisation d’examen, participation à des jurys, réunions pédagogiques, sorties scolaires…)
Parmi ces heures perdues, le ministère ne fait pas la différence entre les absences de courte durée et les absences de longue durée.
La Cour des comptes estimait en 2021 que les absences de courte durée représentaient 2,5 millions d’heures par an, dont seules 500 000 étaient remplacées.
Focus sur les annonces du ministère
Le ministère a communiqué auprès des académies à la rentrée de septembre pour fixer une “trajectoire” sur la formation continue :
30% des formations continues doivent avoir lieu hors du temps de face à face devant élèves au premier semestre 2023,
50% des formations continues doivent avoir lieu hors du temps de face à face devant élèves au premier semestre 2024,
100% des formations continues doivent avoir lieu hors du temps de face à face devant élèves à la rentrée 2024.
Le ministère prévoit trois dégradations de fond de la formation continue :
une montée en puissance de la visio et des formats hybrides,
l’organisation de formations en fin d’après-midi après les journées de cours, le mercredi après-midi et pendant les vacances scolaires,
un focus sur les “savoirs fondamentaux”.
Ces annonces sont particulièrement inquiétantes. La formation continue est aujourd’hui un sujet de mécontentement des personnels qui se sentent insuffisamment formés pour répondre aux besoins contemporains du service public d’éducation : école inclusive, harcèlement, lutte contre les discriminations, méthodes pédagogiques pour faire réussir tous les élèves… c’est pourquoi SUD éducation a lancé une grande enquête sur l’état de la formation continue.
Pour participer à cette enquête, c’est par là :
Un recul sans précédent pour la formation continue
SUD éducation a alerté le ministère : imposer la formation hors temps de travail dans des formats visio va conduire les personnels à renoncer à leur droit à la formation et les formateurs et formatrices à démissionner.
La comparaison avec la situation de la formation continue dans le premier degré est éclairante puisque, pour les professeur·es des écoles, elle se déroule déjà hors temps devant élèves (mais sur un temps de service, consacré dans les obligations réglementaires de service à la faveur d’une réduction du temps d’enseignement) et parce qu’elle fait déjà l’objet d’importantes restrictions.
Dans le premier degré, la formation à distance est déjà mise en place et s’est révélée être une catastrophe pour la formation continue des personnels : alors que les animations pédagogiques permettaient de véritables échanges sur des thèmes pluridisciplinaires entre collègues qui se rencontrent trop peu souvent, les formations à distance et la réduction de l’offre de formation (désormais quasiment limitée au rabâchage sur les mathématiques et le français) ont considérablement dégradé l’utilité de ces temps de formation.
En dehors de ces heures incluses dans les ORS, les départs en stage se sont réduits en raison comme peau de chagrin : il n’y a pas si longtemps, il était possible de profiter de stages de formation continue de plusieurs semaines ; c’est aujourd’hui inimaginable pour les professeur·es des écoles.
Cette dégradation de la formation continue est d’autant plus désastreuse qu’il y a aujourd’hui déjà de nombreuses priorités qui ne font l’objet d’aucune formation d’ampleur, comme la prévention du harcèlement ou l’éducation à la sexualité : on ne peut pas en même temps demander aux personnels de se former et ne pas leur en donner les moyens.
Les annonces concernant la formation continue dans le second degré nous alarment car elles nous font craindre une dégradation de l’offre et des contenus similaires à celle déjà observée dans le premier degré.
SUD éducation revendique l’accès à une formation continue de haut niveau pour toutes et tous.